Le Sentier des Roches fête son 110ème anniversaire
Avec la création du Sentier des Roches et son inauguration solennelle, le dimanche 6 août 1911, la section locale du Club Vosgien a doté la Vallée de Munster d’un fleuron touristique exceptionnel, dont la renommée n’a pas fini de porter son image bien au-delà du massif vosgien et même des frontières.
Après l’ouverture du Sentier du Bloyfelsen, entre le Gaschney et le Frankenthal, puis dès 1909 celle du Sentier des Hirschsteine, au nord du Col de la Schlucht, la création du Sentier des Roches, qui les relie l’un à l’autre, a offert au randonneur un troisième itinéraire entièrement nouveau, qui a été conçu par Heinrich Strohmeyer, président du Club Vosgien de Munster, dans le seul but de permettre au randonneur de découvrir des espaces sauvages et vierges, auxquels aucun sentier ne donnait accès jusque-là. Et pour cause, puisque ce nouvel itinéraire a été tracé dans les vertigineuses falaises de granit du cirque glaciaire de la Schlucht.
Autant rappeler que la mise en service du tramway de Munster à la Schlucht, à compter du 13 mai 1907, a suscité au sein du Club Vosgien un réel engagement pour repousser toujours plus loin les limites du réseau des itinéraires de randonnée déjà connus.
Dans cet effort la création du Sentier des Roches représente un véritable point d’orgue, tant l’entreprise apparaissait ambitieuse et risquée. Mais elle était à la mesure de son éminent promoteur, Heinrich Strohmeyer, qui a mis toute son énergie au service de sa réalisation et qui a bénéficié du savoir-faire des ouvriers des entreprises locales, Scandella et Schwenck, pour l’aménagement des passages les plus exposés.
Comme ceci a été rapporté en 2012, cette réalisation a exigé un gros effort financier, qui s’est élevé à 2 Mark par mètre de sentier. Une dépense à laquelle la section de Munster a pu faire face grâce à un premier soutien de 500 M apporté par le comité central du CV et la subvention de 500 M accordée par l’industriel Hartmann.
A l’époque la réalisation puis l’inauguration de ce sentier mythique ont été minutieusement documentées dans la revue « Die Vogesen » (Les Vosges), une parution bimensuelle en allemand, lancée par le Club Vosgien en 1907 et qui a perduré jusqu’à son dernier numéro en juillet 1914, à quelques semaines seulement du début des hostilités.
Article de Frédéric Lung
L'histoire du Sentier des Roches
Heinrich Strohmeyer, le créateur du Sentier des Roches
Né le 2 avril 1871, Heinrich Strohmeyer n’a pas 3 mois lorsqu’il arrive à Saint Amarin en Alsace, où son père, un Allemand, est nommé garde général des forêts pour le secteur de Thann.
Cette affectation fait suite à l’issue de la guerre de 1870 et au retour de l’Alsace à l’Allemagne, 200 ans après la campagne de Turenne et l’annexion de l’Alsace à La France par Louis XIV.
Le jeune Heinrich grandit en Alsace, qui devient pour lui son pays, sa « Heimet ». Il fréquente l’école de Thann puis le lycée à Haguenau avant d’entreprendre ses études à Strasbourg puis Munich, sur les traces de son père. Il débute sa carrière dans le domaine forestier en 1896 et est nommé garde général des forêts à Munster en 1907, où il rejoint la section locale du Club Vosgien.
Il en devient le président en 1909, et crée dès cette année-là le Sentier des Hirschsteine. Un an plus tard, lors de l’assemblée générale du 9 mars 1910, il lance l’ambitieux projet du Sentier des Roches qui pourra être entrepris sans tarder et inauguré dès l’année suivante.
En relation avec la première guerre mondiale et les combats qui font rage dans la Vallée de Munster, il est muté à Bitche en 1915, où il restera en fonction jusqu’en 1918. Une année noire pour lui, puisqu’il est expulsé de France, à l’instar de bien plus de 100.000 autres Allemands, établis comme lui en Alsace et condamnés à quitter cette terre redevenue française.
Il acquiert une maison à Marburg, une ville au nord de Francfort, reprend ses études à 48 ans et obtient son doctorat en zoologie, botanique et géologie avant d’être appelé au ministère à Berlin, où il débute une nouvelle carrière avec des responsabilités croissantes dans l’administration des forêts et du bois.
Arrivé à l’âge de la retraite en 1936, il décline une proposition de forte promotion qui lui est faite par le parti, auquel il n’a jamais adhéré, et se retire à Marburg. C’est là qu’il décèdera en 1955, à l’âge de 84 ans, sans avoir jamais revu l’Alsace et les Vosges, région à laquelle il était resté très attaché.
Article de Frédéric LUNG
Six morts depuis 1998
“Le sentier des Roches n’est pas anodin ; il est très exposé”,
rappelle Gérard Heinrich. (Président du Club Vosgien de Munster)
Bien équipé, subdivisé en huit portions mises en place il y’a des dizaines d’années afin de permettre une meilleure localisation des victimes en cas d’accidents, dont certains mortels. Depuis 1998, six accidents ont ainsi endeuillé le sentier ; le dernier remontant à 2018.
Le sentier des Roches est impraticable en hiver et déconseillé par temps humide, d’ou la nécessité de faire un point météo avant le départ. Interdit aux chiens, il est aussi déconseillé aux personnes sujettes au vertige ou aux enfants pas habitués à évoluer sur ce genre de chemins abrupts. De même, de bonnes chaussures sont requises.
Article dna
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