Le Peloton de Gendarmerie de montagne de Hohrod
Rencontre avec le Major Philippe Viré pour une présentation détaillée du PGM de Hohrod
Quelle est l’histoire du PGM dans le Haut-Rhin ?
Major Philippe Viré : Le Peloton de Gendarmerie de Montagne du Haut-Rhin est créé à Munster en 1985. La fin du service militaire en 1996 modifie le visage du PGM vers un professionnalisme plus marqué. L’équipe est désormais composée de 9 spécialistes montagne formés à Chamonix et de 3 gendarmes adjoints volontaires. En 2012, le PGM déménage à Hohrod.
Quelles sont les missions du PGM d’Hohrod ?
Major Philippe Viré : la mission principale est le secours en montagne sur le versant alsacien du massif vosgien, parfois en renfort sur les départements limitrophes. Il y a un autre PGM à Xonrupt-Longemer pour le versant vosgien (88). Le PGM conduit également les missions de recherche de personnes en montagne (personne disparue, personne perdue qui téléphone ou recherche inquiétante d’une personne disparue depuis plusieurs jours). Dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, nous prenons des initiatives sur la prévention des risques, la préservation des espaces naturels et toutes autres actions de police judiciaire et de police administrative pour lesquels des procès-verbaux sont rédigés. Enfin, le PGM d’Hohrod est chargé de former localement des gendarmes sur un niveau de base.
Comment est organisé le travail quotidien des gendarmes secouristes ?
Major Philippe Viré : pour être bon dans le secours en montagne, il faut s’assurer du maintien en condition opérationnelle. Cela suppose un entraînement physique (pratique sportive) et technique (manœuvre sur cordes par exemple) quotidien en plus des interventions. Notre entraînement sur le terrain, quelles que soient la pratique (ski alpin, ski de randonnée, cascade de glace, escalade, VTT, randonnée) nous permet de mieux communiquer sur les conditions réelles en montagne. Une information très utile que l’on peut retrouver sur la page Facebook du PGM d’Hohrod.
Comment s’organise la recherche de personnes ?
Major Philippe Viré : cette mission importante bénéficie aujourd’hui d?avancées technologiques complémentaires utilisées par le PGM. Au système de géolocalisation GEND’LOC déjà détenu depuis 4 ans, vient de s?ajouter un détecteur multifréquences pour tous types de téléphones portables. Un sauveteur pourra localiser à la visée depuis l?hélicoptère, la personne recherchée dans un secteur où elle est susceptible de se trouver. Le PGM arrive également à orienter depuis les bureaux d’Hohrod des randonneurs perdus qui leur téléphonent, notamment en utilisant les tracés sur cartes du Club Vosgien.
Quelle est la nature de vos interventions et quels sont les constats ?
Major Philippe Viré : nous assurons environ 200 interventions dans une année avec un pic d’activité en été. Les interventions concernent le secours lié à une chute, un malaise ou un accident mais aussi retrouver ou guider des gens perdus. Le massif vosgien est proche des villes, les citadins y accèdent facilement mais ils ne sont pas toujours équipés correctement ou préparés à des terrains de montagne ou des conditions météo changeantes. Les gens pensent que le massif Vosgien est une montagne facile, et de fait, ils n?en mesurent pas les risques. Certains endroits dans les Hautes-Vosges rassemblent des conditions identiques à celles des hautes-montagnes (terrain, météo). En hiver, les gens ne pensent pas toujours qu’il fait nuit très vite et se retrouvent perdus.
Comment on aborde les interventions difficiles ?
Major Philippe Viré : le PGM assure une mission de service public et doit intervenir même si les conditions sont très difficiles. Il est responsable de tout et doit assurer la sécurité de l’intervention. On prend toujours un avis technique pour évacuer la personne. Le médecin n’est pas forcément sur le site, on peut déposer le blessé sur un camp de base. Tout dépend des interventions et de l’accès au site. Un secouriste n’est pas forcément préparé à la mort qu’il peut côtoyer. On se forge une carapace pour gérer la situation. Il y a aussi un risque dans certaines interventions. La profession paie un lourd tribu et la stèle du PGM de Chamonix est là pour en témoigner : en 60 ans, 60 sauveteurs de PG(H)M sont morts dans l’exercice de leur métier. En 1986, 2 sauveteurs du PGM de Munster ont trouvé la mort lors d’une tentative d’assistance à 2 grimpeurs.
Conseils et recommandations avant de partir en montagne ?
Major Philippe Viré : il faut avoir un équipement adapté à l’activité pratiquée et bien se renseigner sur les conditions météo, ne pas hésiter à contacter les professionnels. Il faut bien préparer son itinéraire, savoir rester dans son niveau et être conscient de l’effort à fournir. Par exemple, la randonnée en raquettes est deux fois plus fatigante qu’une randonnée normale. Beaucoup d’interventions sont liées à un matériel inadéquat et à un manque de préparation. Le PGM est intervenu cet hiver pour secourir un groupe de randonneurs qui évoluaient en raquettes dans un manteau neigeux important où les raquettes n’étaient pas adaptées. Les sauveteurs se sont équipés de crampons pour pouvoir les sauver.
Organisation de portes ouvertes, page facebook, il y a une vraie volonté de communiquer ?
Major Philippe Viré : nous souhaitons faire connaître davantage notre métier, mais aussi les partenaires avec qui nous partageons certaines missions. Facebook permet de communiquer le retour des conditions du terrain, des informations utiles pour tous.
Quel est le parcours de formation pour devenir gendarme spécialiste montagne ?
Major Philippe Viré : c’est un métier passion avec une formation pointue et très exigeante. Le cursus démarre après l’école de sous-officiers de gendarmerie et comprend 35 semaines de formation au Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la Gendarmerie à Chamonix pour former un jeune secouriste. La formation est échelonnée dans le temps avec des stages et plusieurs diplômes à obtenir : Diplôme de qualification technique montagne, Brevet de spécialiste montagne, Brevet de Chef de Caravane Secours en montagne. En fin de cycle, après 43 semaines, le Brevet de Commandement aux opérations et enquêtes de secours permet à certains de ces diplômés de devenir commandant de Peloton. Aujourd’hui, 280 personnes sont en poste en PG(H)M, il y a une dizaine de places par an à renouveler.
https://www.facebook.com/peloton.de.gendarmerie.de.montagne.du.haut.rhin/
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